Personne ne résiste à Mossane, une jeune fille agée de quatorze ans dont la beauté et le destin suscitent bien des convoitises et des jalousies. L'histoire de Mossane se déroule en pays Serer, à Mbissel, village vieux de six siècles, entre mer et savane, où les coutumes et la vénération des génies dictent la vie des familles. Dès sa naissance, les parents ont promis Mossane en mariage à Diogoye, un émigré trouvant fortune au Concorde Lafayette à Paris. A leur insu, Mossarle voue un amour partagé et chaste à Fara, fils du terroir devenu étudiant, mais quelque peu désargenté. Pour mettre fin aux révoltes de Mossane, ses parents décident de célébrer le mariage dans la hâte et le plus grand faste. La belle Mossane, la perle de Mbissel, prend la fuite en passant par Mamangueth, pour rejoindre Fara et se donner à lui. Mais seul Mamangueth la délivrera de tout mal. Si Mamarigueth, le bras de mer, pouvait parler, il dirait ce qu'il sait. S'il pouvait crier, sans doute avertirait-il Mossane. Comme la belle Siga de Leona, comme Ndebane, la «perle» de Medina, comme Yacine de Dioffor ... jeunes, vierges, toutes ont connu le même destin.

Conte poétique et social, Mossane est surtout un chant d'amour dédié à la femme africaine, à son courage, à son désir d'émancipation. Par petites touches gracieuses, Safi Faye nous fait découvrir les dessous du rituel matrimonial, comment le prétendant finit par «acheter» l'ensemble des villageois avec l'envoi régulier et massif de cadeaux depuis Paris. Mine de rien, Safi Faye appelle à la résistance des jeunes générations en sublimant leurs aspirations de liberté et d'indépendance. Le tout habilement porté par une musique choisie non sans humour (chansons cubaines lors des scènes évoquant les grèves des étudiants) et regorgeant de couleurs chaudes et vives (images magnifiques signées par Jürgen Jürges, cameraman fidèle, entre autres, de Fassbinder). Courage et esprit d'indépendance, la cinéaste Safi Faye a su également en faire preuve pour mener à bien son projet. Tournées en 1990, les images de son film n'ont pu être montées avant 1996, après une série de désaccords financiers et juridiques avec son producteur f rariçais. Accueilli en sélection officielle au Festival de Cannes 1996 pour sa première mondiale, Mossane est l'un des films les plus universels et sensuels qui soient.

Mit dem sinnlichen und eindrücklichen Blick einer
Afrikanerin betrachtet die Filmemacherin dieses
Dorf, dessen Riten sie uns in fast
dokumentarischer Weise nahe bringt.

Le Monde