Gatos Viejos
Isidora et Enrique forment un vieux couple de Santiago du Chili. Ils partagent leur appartement cossu avec deux chats tout aussi vieux. Leur quotidien paisible est soudain perturbé par l’annonce de la visite de leur fille Rosario. Cette arrivée impromptue ne semble pas les réjouir,bien au contraire. Il est vrai que c’est un ouragan qui s’engouffre dans leur appartement car Rosario est allergique aux poils de chat. Si ce n’était que cela. Car tout semble opposer la vieille Isidora, plutôt conservatrice et posée, et cette femme arrivant surexcitée. Dans une mise en scène réglée au cordeau, entretenant un suspens digne des meilleurs thrillers, et s’appuyant sur la performance d’un couple d’acteurs prestigieux, Gatos viejos passe sans crier gare de la comédie du fossé des générations au drame de la vieillesse et de ses déchéances.
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Retraite troublée
Gatos viejos tient à la fois de la performance cinématographique et de la relation poignante de la perte de contrôle due à la vieillesse. La performance d’abord, puisque c’est elle qui porte la force de conviction de la seconde: il y a celle du cadre où toute la première partie se joue dans un appartement, dont l’enfermement est à l’image du rétrécissement du monde dans lequel vit la vieille dame, en raison de ses faiblesses physiques (sans l’ascenseur, trop souvent en panne, impossible pour elle de sortir) et mentales. Ce sera d’ailleurs d’abord au travers du regard étriqué d’Isidora que nous ferons la connaissance de sa fille Rosario: une vision réactionnaire de la lesbienne, droguée et irresponsable. Cette vision est tellement caricaturale qu’elle en devient comique avec cette boule de nerfs échevelée qui ne peut rester en place, qui a besoin de sa ligne toutes les cinq minutes. Il y a aussi la performance époustouflante de Bélgica Castro (90 ans! Une star du théâtre dans tout l’Amérique latine), qui campe avec une extrême sensibilité une Isidora d’abord sûre d’ellemême, puis perdant cette assurance au fur et à mesure que ses repères lui échappent, quilui interdisent de descendre les escaliers. Ce qu’elle va finir par faire pourtant, dans une scène d’anthologie au suspens à vous couper
le souffle. Mais un suspens qui s’intéresse moins à l’issue finale qu’à celle de chaque mouvement de la vieille dame, marche après marche. Car la voilà à la lumière de la ville, de la réalité. Isidora n’est plus qu’une dame âgée qui présente les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer. Par contraste alors, sous cette même lumière, Rosario et son amie « Hugo » acquièrent une dimension plus humaine, moins junkie et certainement aussi plus proche de la réalité. Pedro Pereino et Sebastián Silva sont de tout jeunes réalisateurs chiliens qui confirment ici le talent qu’ils avaient déjà laissé deviner lors de leurs deux premiers films. Ils ont su trouver le ton juste et la distance adéquate pour aborder ce thème si délicat que représentent le vieillissement et la sénilité. Réussissant à filmer, presque à la loupe, le visage crevassé d’Isidora sans paraître indécents, donnant à chaque personnage une dimension profondément humaine pour, finalement, nous livrer une oeuvre parfois drôle, le plus souvent poignante, qui ne tombe jamais dans le pathos larmoyant. Tablant sur une extrême simplicité d’une dramaturgie linéaire, Gatos viejos prend la même dimension que celle du sujet qu’il traite, universelle.
Martial Knaebel
Fiche technique
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Revue de presse
"Gatos Viejos, c’est enfin et surtout une pureté et une simplicité rarement atteintes dans le septième art, un ensemble qui nous atteint directement au cœur, sans artifices… juste des êtres qui vivent comme ils le peuvent."
Daily Movies
"Alternant comédie burlesque et drame poignant avec une simplicité qui ressemble à l'évidence, Gatos viejos est une belle réussite."
20 minutes