Nemuru otoko - Sleeping Man

de Kohei OGURI, Japon, 1990
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DVD

Au bord d'une rivière, blotti au creux d'une montagne, le village imaginaire de Hitosuji. La vie s'écoule paisiblement au rythme de la nature. Dans une ferme, un homme du nom de Takuji est étendu sur son lit, plongé dans un profond coma suite à un mystérieux accident survenu dans la montagne. Veillé par sa mère et ses amis, c'est «l'homme qui dort» sur lequel se focalise l'attention des villageois. A son chevet, Kamimura, son ancien camarade de classe, se souvient de leurs jeux denfance et de cette hutte qu'ils avaient contruite au fond des bois. D'autres personnages, plus éloignés, se sentent concernés par l'existence de cet homme qui dort. C'est le cas de Tia, originaire du sud-est asiatique, qui travaille dans un estaminet du bourg. Elle-même a perdu son fils lors d'une inondation causée par le déboisement à outrance. Il y a aussi Denjibei, un vieil homme qui continue d'entretenir un moulin à eau et qui excelle dans l'art de tisser des histoires. Ou encore une jeune mère avec son nouveau-né, qui fréquente la maison de bain thermal, à l'enseigne de «L'Eau de lune» tout près de la rive.

Le village est suspendu à l'état de Takuji qui change à l'approche de l'été. Un jour, sa mère perçoit dans un tourbillon de poussière le signe que l'âme de Takuji a quitté son corps. Après une représentation de théâtre Nô, Tia se rend seule dans la forêt. Elle passe la nuit dans la hutte inhabitée. Pendant ce temps, Kamimura contemple la pleine lune et pressent que Takuji est de retour dans les montagnes. Il retrouve plus tard Tia dans la hutte. Tous deux entendent le bruit de l'eau qui coule dans un puits censé être sec depuis longtemps.

Avec L'Homme qui dort, Kohei Oguri a voulu partager la conception japonaise de la vie et de la mort, de l'être humain pris dans le cycle de la vie éternellement renaissante. Une scène centrale du film dévoile des fragments d'une représentation du théâtre Nô classique, le Matsukase (Le vent dans les pins). Ce spectacle présente le rêve des deux héros, Matsukase et Murasame (La pluie d'automne). Au moment de leur réveil, ils prennent la forme de ce que leurs noms signifient: le vent et la pluie. Cette métamorphose révélée sous l'effet magique du jeu de mots, ce passage de la vie dans le rêve pressenti grâce au transfert poétique, c'est avec des moyens filmiques comparables qu'Oguri nous conte l'histoire de l'homme qui dort.

Gros plan sur le temps. Une vision d'une portée capitale: la mort, prise non comme seuil ou séparation définitive, mais plutôt comme parallèle à la vie. L'homme qui dort, un mouvement de la mort, questionne doucement, mais de façon inéluctable, le sens des actes des gens éveillées. La mort et la vie en simultané, le temps en gros plan -ou bien encore, la vie perçue par les yeux de la mort. D'où l'extraordinaire puissance de la nature, d'où la lumière, l'autre thème central du film. La lumière de la mort, le rayonnement du monde, l'éclat de la vie, les reflets de la continuité. Et encore, qu'en est il de l'homme, grand ou petit, que valent ses actions? Oguri pose la question du sens de la vie avec une profonde émotion intérieure, avec un amour incommensurable pour les humains, la nature et le monde. Pour ce mond traversé encore et toujours par le vent, dont personne, ne sait rien, ni d'où il vient, ni où il va. Selon un spectateur du Festival de Fribourg 1997, le film de Kohei Oguri est «un chef-d'œuvre qui éclaire de très toin».


Festivals & prix

Grosser Spezialpreis am Montreal World Film Festival1996. Preis der CICAE (Internationaler Verband der Studiokinos) am Filmfestival von Berlin 1997.

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Fiche technique

Titre original
Nemuru otoko - Sleeping Man
Titre
Nemuru otoko - Sleeping Man
RĂ©alisation
Kohei OGURI
Pays
Japon
Année
1990
Scénario
Oguri, Kohei
Montage
Nobuo Ogawa
Musique
Toshio Hosokawa
Image
Osame Maruike
Son
Soichi Inoue
DĂ©cors
Yoshinaga Yokoo, Art Durinsky
Production
Space Co. Ltd, Tokyo; Munashi Masuzawa, Hiroshi Fujikura, Hiroyuki Kodera
Formats
35mm, DVD
Durée
104 min.
Langue
Japanisch/d/f
Interprètes
Sung-ki Ahnh (Takuji, der schlafende Mann.), Christine Hakim (Tia, die Frau aus SĂĽdostasien), Koji Yakusho (Kamimura, Takujis Jugendfreund), Masaso Imafuku (Kiyoji, Takujis Vater), Akiko Nomura (Fumi, Takujis Mutter), Masako Yagi (Omoni), Fumiyo Kohinata (Wataru), Takahiro Tamura (Denjibei)

Documents

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Date(s) de projection Projection(s)
Organisation

Revue de presse

Une merveille! Une oeuvre d’une immense force narrative (Tages-Anzeiger)

Une peinture en plusieurs tableaux , authentique hymne à la nature, aux éléments primitifs - l’air, l’eau, le vent, le feu. (La Liberté)

La caméra observe la petite ville de compagne et ses habitants. Comme peut-être les arbres observent les hommes. (taz)

Ce n’est pas un film sur les conquêtes (acquis) ou les mésaventures (insuccés) des hommes: c’est un film sur l’être. (cinemago)

L’homme qui dort appartient à ces chefs d’oeuvres du film méditatifs, ici avec des images d’une extraordinaire intensité poétique, on atteint à une expérience intégrale du sens de la vie et de la mort, comme on ne l’avait plus connue depuis Tarkowski. (Neue Luzerner Zeitung)