Jiri Menzel

Jiří Menzel figurait parmi les plus talentueux réalisateurs de comédie au cinéma. Il a à peine 28 ans, en 1967, lorsque le Tchèque se voit attribué l’Oscar du meilleur film en langue étrangère avec Ostre sledované vlaky (Trains étroitement surveillés). Il s’agissait d’un ouvrage-clé du Printemps de Prague. «L’humour me vient de mon grand-père maternel, je suis redevable à mon père de sa culture. J’ai grandi avec ses livres. Quant à mon impertinence vis-à-vis des gens, c’est sur ma mère que je me suis exercé, sans qu’elle se mette en colère.»
Il a étudié à la FAMU, l’école de cinéma pragoise, de 1957 à 1962. Il y a côtoyé Věra Chytilová, Evald Schorm, Jan Nemec, Pavel Jurácek et d’autres qui formèrent plus tard le noyau de la «Nouvelle vague» tchécoslovaque. C’est là qu’il réalisa ses premiers courts-métrages Domy z panelů (1960) et Umřel nám pan Foerster (1962). Il travailla ensuite aux actualités jusqu’en 1965 et commença ce qu’il devait poursuivre toute sa vie: son travail au théâtre. Menzel fut metteur en scène, auteur, dramaturge et acteur. Il fit d’ailleurs ses débuts comme interprète en 1962 dans Strop, le film d’études de sa camarade Věra Chytilová et fit sa dernière apparition dans Tlmočník (l’interprète, 2018) de Martin Šulík.
Jiří Menzel acquit une renommée internationale avec sa comédie Ostre sledované vlaky (Trains étroitement surveillés) qui fut d’abord primé au Festival international de Mannheim et obtint donc l’Oscar du meilleur film étranger en 1967. Ici, comme dans ses films suivants, ce sont les figures littéraires de son compatriote Bohumil Hrabal qui servirent de modèle à Menzel. Retournant de la remise de l’Oscar, le jeune trentenaire Jiří Menzel fit figurer au procès-verbal: «Tout ce qui nous représente contient de l’humour. Qui ne nous est pas inné, qui nous a été imposé. Car sans sens de l’humour, on ne peut vraiment pas vivre en Tchécoslovaquie.» Alors qu’il tourne en 1969 Alouettes, le fil à la patte (Skřivánci na niti), ce film satirique allait être interdit après l’écrasement du Printemps de Prague. Il ne pourra célébrer sa première qu’en 1990 à la Berlinale. Il y obtint alors l’Ours d’or.
Jiří Menzel fut interdit de tournage en 1970 et se concentra alors momentanément sur le théâtre et à sa salle du quartier Vinohrady, à Prague. Il revint au cinéma en 1981 avec Postřižiny (Shortcuts) qui remporta un beau succès avec cette histoire de la Bohême des années 20 – tirée d’une œuvre de Hrabal. Menzel ne s’est pas contenté de jouer dans ses propres films, on a pu le voir dans des œuvres de Gyula Maárs ou de Krzysztof Zanussi.
Shortcuts - Kurzgeschnitten (1981)
Francin, propriétaire d'une brasserie, vit un mariage heureux avec la très belle Maryška. Sa vie est bouleversée par la visite inattendue de son excentrique frère Pepin. Maryška trouve en celui-ci une âme sœur et se prend de passon pour la modernité des années 1920, à laquelle elle sacrifie avec courage. Sa nouvelle coiffure devient la pomme de discorde entre tradition et modernité. Suite
Those Wonderful Movie Cranks (1978)
Au début du XXe siècle, un projectionniste fait le tour des villages de Bohême et rêve d'ouvrir un cinéma à Prague. Il s'allie à un jeune cameraman (joué par Jiří Menzel), qui lui aussi a un rêve: faire des films réalistes qui traitent de ce que vivent les gens. Ces merveilleux hommes à la manivelle de Menzel est l'un des plus beaux hommages aux pionniers de l'ère du muet, et le film est aussi une réflexion mélancolique sur les concessions nécessaires. Suite
Seclusion Near a Forest (1976)
Au cours d'une excursion, une famille de la grande ville découvre une ancienne ferme. Elle y passe ses vacances et aimerait bien l'acheter. Le propriétaire, un vieux paysan, semble d'accord, mais il veut déterminer lui-même le moment. Pendant ce temps, les deux enfants se font un bon ami dans la vieille bâtisse. Suite
Lerchen am Faden (1969)
A Kladno, ville industrielle tchécoslovaque, au milieu des années cinquante, des travailleurs forcés, "ennemis du régime", sont occupés au broyage et à la fonderie de divers objets métalliques, machines à écrire, crucifix, et même saxophones ("instruments bourgeois"). L'affichage de slogans ("le travail est une affaire d'honneur") et la diffusion par haut-parleurs de polkas pour les fondeurs stakhanovistes sont là pour les encourager. Suite
Ein launischer Sommer (1968)
Trois amis quinquagénaires tuent le temps pendant un été maussade, dans une petite ville assoupie de Bohème: l'abbé Roch, le major Hugo et Dura, le maître-nageur, insatiable coureur de jupons. Katerina, sa femme, veille au grain. Mais voilà qu'un magicien vagabond et lunaire s'installe en ville avec la jeune et ravissante Anna. Dura est le premier à tenter sa chance... à ses risques et périls. Suite
Scharf beobachtete Züge - Ostre sledované vlaky (1966)
Milos est un jeune garçon sympathique, mais qui n'a pas l'air très dégourdi. Surtout avec son uniforme des chemins de fer, où il vient d'entrer pour y tenir son premier emploi dans une petite gare de province. Il n'a pas beaucoup de travail car c'est la guerre et seuls quelques trains militaires allemands passent par là. Alors Milos a le temps de penser à Masa, cheminote comme lui mais nettement plus éveillée. Et celle-ci voudrait bien que le benêt lui prouve sa flamme. Suite