Bab el-Oued City

Image de

Nous sommes à Bab el-Oued, quartier historique et populaire d'Alger. Boualem est employé dans une boulangerie du quartier. Il travaille dur la nuit et dort le jour. Un après-midi, alors qu'il se repose après une nuit de labeur, la voix amplifiée du prêche de l'imam Rabah, diffusée par un haut-parleur au volume sonore maximal, réveille Boualem en sursaut. Celui-ci, dans un accès de colère incontrôlable, grimpe sur la terrasse, arrache le haut-parleur, l'emporte et le jette à la mer. Ce geste, que Boualem ne peut expliquer véritablement, va mettre le quartier en émoi. Un groupe de jeunes, dirigé par Saïd, se met à la recherche du coupable pour lui infliger une punition exemplaire pour son acte provocateur.

Ces péripéties nous font découvrir un quartier, Bab el-Oued, avec ses ambiances populaires, parfois attachantes et drôles. Il y a les femmes, vivant avec dérision leur quotidien routinier. Il y a les jeunes dans les rues, sans espoir ni travail, partagés entre la drogue et l'embrigadement, il y a les souvenirs nostalgiques d'une splendeur passée. Il y a l'amour, enfin, entre Boualem et Yamina, la jeune sceur de Saïd...

Portrait d'une jeunesse perdue, à l'avenir obscurci par une crise économique et une montée de l'extrémisme. «Bab el-Oued City» donne une image universelle d'une génération. Les rêves de la jeunesse algéroise sont les mêmes que ceux de la jeunesse européenne, ce sont les mêmes que la jeunesse du monde entier. Comme partout, le désespoir et l'exclusion sont le terreau idéal pour les fondamentalismes de tout bord.

Festivals & prix

Grosser Preis "Un certain regard", Cannes 1994
Grosser Preis der Biennale des arabischen Kinos, Paris 1994
Grosser Preis der Internationalen Filmkritik, Cannes 1994
Silberner Tanit, Karthago 1994

artwork

Fiche technique

Titre original
Bab el-Oued City
Titre
Bab el-Oued City
RĂ©alisation
Merzak Allouache
Pays
Algérie
Année
1994
Scénario
Merzak Allouache
Montage
Marie Colonna
Musique
Rachid Bahri; Lieder Cheb Rabah
Image
Jean-Jacques Mréjn
Son
Philippe Sénéchal
Production
Flash-Back Audiovisuel, Algerien; Les Martins Films, Paris; Thelma Film, ZĂĽrich
Formats
35mm, DVD
Durée
94 min.
Langue
Arabisch/d/f
Interprètes
Nadia Kaci (Yamina), Mohamed Ourdache (Said), Hassan Abdou (Boualem), Mourad Khen (Rachid), Mabrouk Ait Amara (Mabrouk), Messaoud Hattou (Mess´), Michael Such (Paulo), Simone Vignote (Tante), Arezki Nebti (Bäcker)

Documents

artwork artwork artwork artwork artwork artwork artwork artwork

Voulez-vous montrer ce film?

Merci de remplir ce formulaire.

Date(s) de projection Projection(s)
Organisation

Revue de presse

"Der Gegensatz von islamischem Fundamentalismus und Kolonialkultur sorgt in Algerien seit Jahren für blutige Konflikte. Das Drama zeigt beispielhaft die Entstehung dieser Spannungen und erhielt dafür 1994 bei den Filmfestspielen in Cannes den Internationalen Kritikerpreis.”
TV Spielfilm

"Merzak Allouache ist es meisterhaft gelungen, nicht nur die algerische Jugend zu beschreiben, sondern die generelle Entwicklung der Jugend und ihre Verhaltensweisen in Bilder zu fassen. Dadurch erklärt sich die Universalität dieses Films."
(Tribune de Genève)

"Merzak Allouaches 1994 entstandener Film BAB EL-OUED CITY (...) setzt sich explizit mit der Gewalt des islamischen Fundamentalismus auseinander. Diese Repression wird nicht in ihrer brutalsten Form gezeigt, sondern als ein enormer Binnendruck veranschaulicht, der jeden Andersdenkenden zum Außenseiter stempelt."
Frankfurter Rundschau

"Eine Allegorie über die algerische Zivilisationsgesellschaft, die sich von sozialem Strandgut drangsalieren lässt. Bemerkenswert durch die atmosphärische Dichte, mit der der Film die fremde Lebensordnung einfängt, aber hölzern in der Inszenierung. Fragen nach politischer Verantwortung werden eher abgewiegelt als beantwortet."
Lexikon des internationalen Films


Merzak Allouache:
«Je viens de faire le film avec lequel j’ai eu le plus de rapport charnel. Ce n’est pas un film fait à la légère. Plutôt « à la vie à la mort ». Pour moi, il ne s’agissait pas seulement de réaliser un film, d’écrire un scénario, mais c’était un acte beaucoup plus fort parce qu’à chaque instant cet objet artistique pouvait m’être fatal. Bien que je sois revenu sur les lieux d’« Omar Gatlato », parce que j’avais envie de voir ce qui avait changé, il est clair que ce premier film était fait avec un certain optimisme dans un pays nouveau, en construction, où il y avait un espoir. Je suis un cinéaste, donc je dénonce. Déjà, à l’époque, je dénonçais l’exclusion de la jeunesse, son mal de vivre. En même temps, je me disais que dans trois ou quatre ans tous ces problèmes allaient être réglés. Après avoir tourné d’autres films, avoir travaillé en France, je suis revenu dans le même quartier de Bab el-Oued, et je constate que tout s’est aggravé, que les choses ont rétrogradé. Avec en plus la violence, l’intolérance et la haine qui sont venues se greffer sur les problèmes existants. La situation est vraiment lamentable et difficile à aborder. Je me suis vraiment demandé si un film peut le faire. Personne ne fait rien, personne ne travaille sur la situation actuelle. Bien sûr il y a des journalistes qui écrivent et risquent leur vie, mais la plupart des gens se sont mis en « stand by ». En même temps, nous les intellectuels, les artistes, sommes dans une position en porte à faux parce qu’on voudrait nous faire porter la responsabilité de la situation, alors qu’on aspire qu’à créer dans un pays en paix. Actuellement, il n’y a que deux solutions, soit on se tait, et le seul problème qu’on peut avoir c’est de se faire tuer, soit on essaye de créer. J’ai choisi d’essayer de créer dans ce contexte, sans manichéisme. En regardant mon quartier populaire et en ne me posant qu’une seule question : que nous est-il arrivé ? Une espèce de malédiction pour nous faire payer notre arrogance, notre indépendance, notre richesse, notre présence, notre côté « phare du tiers-monde » ? Une vraie catastrophe.

J’ai fait deux documentaires : un sur les événements d’octobre 1988 « l’Après-octobre » et un autre sur les femmes, « Femmes en mouvement », en 1989. A ce moment-là, les quartiers étaient abandonnés aux jeunes, mais il y avait une redéfinition de la politique en Algérie, la disparition du Parti unique, la pluralité des associations et, aussi, la montée en puissance de la mouvance islamique. Ce qui était clair, c’est que les films que nous ferions après cette période sanglante de la fin 1988 ne seraient plus jamais les mêmes. Pour « Bab el-Oued City », il y a un décalage entre le moment où je l’ai écrit et le moment où je l’ai réalisé avec la trouille au ventre parce que j’ai été rattrapé par l’histoire. Par moments, je me disais comment puis-je faire répéter des acteurs alors que les gens sont en train de mourir. Le cinéma paraît futile dans ces situations. Mais j’ai pu faire ce film dans un rapport profond au cinéma et au fait même de filmer.

Je ne m’attaque pas à l’intégrisme, je m’attaque à l’intolérance, car dans un pays où les règles démocratiques seraient respectées l’intégrisme devrait pouvoir vivre à côté de moi. L’intolérance, c’est quand on me dit comment je dois me comporter sinon je suis un homme mort. Je ne peux plus être un citoyen dans ces conditions. Je me révolte contre le fascisme du projet. Sinon l’Islam est notre culture et nos traditions en Algérie depuis longtemps. Je suis né dedans, cela ne me gêne pas ; mais si ma liberté est cassée, je suis contre.»