Once Upon A Time in Anatolia
Dans le noir, au loin, de petites lueurs apparaissent. Quelques secondes et on s’aperçoit qu’il s’agit d’une colonne de trois voitures. Policiers, gendarmes et procureur sont à la recherche du corps d’une victime d’un meurtre. Plusieurs haltes, plusieurs explorations seront nécessaires pour enfin trouver le cadavre dans un petit matin blême. Le temps pour le spectateur de faire connaissance avec les membres de ce cortège officiel: commissaire, procureur, médecin, plus ou moins loquaces sur leurs vies et leurs drames personnels. Il suffit à Nuri Bilge Ceylan de quelques phrases, de quelques plans même pas rapprochés, pour que ses personnages prennent corps et nous révèlent tout de leurs vies. Il était une fois en Anatolie représente une magistrale mise en scène de la comédie humaine, turque sûrement, universelle, tout aussi bien.
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De l’ombre à la lumière
Il était une fois… Cela sonne comme un conte ou comme une histoire vraie, que l’un des protagonistes nous relate. Et comme toutes les histoires qu’on raconte, Il était une fois en Anatolie est faite de digressions apparentes qui enrichissent, en fait, le récit par strates successives. Ici, la trame est composée de deux parties bien distinctes – on pourrait presque parler des deux actes d’une pièce classique, l’unité de temps, d’action et de lieux étant scrupuleusement respectée: la recherche la nuit dans la campagne, et le rapport le matin à l’hôpital. Entre-temps, nous aurons eu l’occasion de faire connaissance avec chacun: le commissaire de police dont l’enfant est malade chronique, le jeune médecin divorcé et le procureur d’Ankara pas très futé, à moins qu’il ne se cache la réalité à lui-même… Nous aurons eu aussi le temps de faire la connaissance de la région – pourtant plongée dans une nuit noire! On se rend alors compte de la magie du cinéma de Nuri Bilge Ceylan, dont les images et les dialogues suggestifs nous en disent bien plus qu’il n’y paraît. Ainsi, aucune nuit n’est totalement aveugle, avec le temps, nos yeux s’accommodent de l’obscurité la plus totale et les détails du paysage se révèlent. Et la caméra de Gökhan Tiryaki – qui semble être devenu le chef opérateur attitré du réalisateur – prend son temps, ou plutôt nous laisse prendre le nôtre à distinguer les lignes et les courbes d’une campagne bien moins monotone qu’elle n’en a l’air, réservant même quelques fois des surprises et des sursauts. De la même manière, les paroles ou les phrases suspenduesdans le silence de la nuit se laissent ingurgiter tranquillement. Là aussi, des phrases anodines que les personnages se disent, mais qui se révèlent détenir un double sens ou un secret qui se dévoile petit à petit, au détour d’un mot, d’un point de suspension. Au lever du jour, de retour à la bourgade, les visages blêmes et fatigués se révèlent, un peu des âmes aussi, le procureur perd de son assurance, le commissaire ne cache plus ses sentiments, alors que le jeune médecin semble prendre la direction des opérations. L’économie des gestes et des mots préside toujours à la narration et la mise en scène, mais, encore une fois, avec des moments surprenants, parce qu’inattendus : finalement, les personnages sont-ils bien ceux qu’ils montrent? La magie du cinéma de Nuri Bilge Ceylan tient à cette faculté qu’il a de sonder, au sens premier du terme, une communauté, des individus, des sentiments et des attitudes, et d’en enregistrer les échos, puis de nous les mettre en scène, avec la virtuosité, le rendu des nuances et des tonalités, qui donnent le relief à son récit.
Martial Knaebel
Festivals & prix
2011 - Cannes Film Festival
Grand Jury Prize
2011 - Karlovy Vary Film Festival, Czech Republic
NETPAC Award
2011 - Haifa Film Festival, Israel
Best Film (Golden Anchor)
2011 - São Paulo Film Festival, Brazil
Grand Prize of Critics
2011 - Cinemanila, Philippines
Best Director
2011 - Asia Pacific Screen Awards, Australia
Grand Jury Prize
Best Director
Best Cinematography
2011 - Dubai Film Festival, UAE
Special Jury Award
Best Cinematography
2012 - Dublin Int. Film Festival, Ireland
Best Director
2012 - Sofia Film Festival, Bulgaria
Sofia Award
2012 - Durban Int. Film Festival, South Africa
Best Screenplay
Best Cinematography
2012 - Awards Daily Halfway Awards, Hollywood, USA
Best Director
Best Cinematography
2012 - Haifa International Film Festival, Israel
FIPRESCI Award
SIYAD Turkish Critic's Awards
Best Film
Best Director
Best Sript
Best Cinematography
Best Editing
Best Supporting Actor (Ercan Kesal)
2012 - YEFA YeĹźilçam Turkish Film Academy Awards
Best Film
Best Director
Best Sript
Best Cinematography
Best Editing
Best Actor (Taner Birsel)
Best Supporting Actor (Fırat Tanış)
Best Sound
Best Sound Design
Best Make-up
2012 - ESKADER 2011 Awards
Best Film
Fiche technique
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Revue de presse
«Avec un sens du plan et une direction d'acteurs stupéfiants, le Turc Nuri Bilge Ceylan (Uzak, Les Trois Singes) livre un polar métaphysique dans la lignée du Dürrenmatt de C'est arrivé en plein jour/La Promesse.» Le Temps, Norbert Creutz
«Nuri Bilge Ceylan, fidèle à son style, travaille sur le temps dans un long film composé de plans-séquences totalement hypnotiques, progressant lentement vers une scène finale hallucinante. Un chef-d'oeuvre primé à Cannes en mai dernier. A cent lieues de tout ce qu'on peut voir en salles actuellement.» Tribune de Genève, Pascal Gavillet
«Nuri Bilge Ceylan ist die Gallionsfigurdes türkischen Films. Once Upon A Time In Anatolia ist sein Meisterwerk. es vereint Qualitäten von Dürrenmatt und Tarkowski. Once Upon A Time in Anatolia ist ein Film, bei dem man das Gefühl bekommt, hautnah dabei zu sein. Er erinnert an Dürrenmatts Roman ‹Das Versprechen›, dessen Fazit ‹und nun, mein Herr, können sie mit dieser Geschichte anfangen, was sie wollen› auch für Ceylans Arzt gelten könnte. Dem Regisseur geht es mehr um die einzelnen Personen als um den Fall. Er bietet mit den langen Einstellungen, den atmosphärischen, nachtfiebrigen Bildern, dem absurden Humor und dem liebevollen Blick auf die Figuren ein einmaliges Kinoerlebnis … einer der besten Filme des Jahres!» NZZ am Sonntag, Christian Jungen
«Ganz langsam verrinnt die Zeit in Once Upon A Time in Anatolia. Es ist eine Meditation über den Sinn des Lebens.» SF Box Office, Bernhard Koellisch
«Lyrische Stimmungsbilder – die Unterhaltungen sind wunderbar musikalisch komponierte Momentaufnahmen von Atmosphäre und Gefühl. die Kamera sucht hier den Ausdruck in Mensch und Natur: im Wind, der durch Bäume pfeift,im verzweifelten Blick, den niemand erhascht. Wenn hohe Filmkunst darin besteht, Emotionen so anzulegen, dass sie einen schwingenden Druck erzeugen, der auf die Bilder übergreift, dann gehört Nuri Bilge Ceylan zu den bedeutendsten Regisseuren des Weltkinos. Denn kaum jemand erschafft eine solch aufregende und fordernde Dramaturgie der Langsamkeit, der Abschweifungen und lyrischen Stimmungsbilder. (…) am Schluss entsteht ein fast mythischer Genrefilm von philosophischer Spannung, ein funkelndes Kunstwerk voller erzählerischer Volten und offener Fragen über unseren Umgang mit Schuld und Schmerz. Wie die hypnotischen, nachtschwarzen Einstellungen, in die sie gefasst sind, hallen sie lange nach. Meisterhaft.» Tages-Anzeiger
«Die Stimmung im Film ist wie aus einem Maigret-Krimi, die Hauptfigur, der Gerichtsmediziner, entwickelt sehr viel Verständnis für die Geschichten, die er langsam erfährt rund um diesen Mord herum, und sehr viel Verständnis für die Leute auch, die darin verwickelt sind. Am Ende bleibt eine Stimmung wie in einem Maigret-Krimi. Man hat das Gefühl, man versteht Menschen besser, die man eigentlich gar nie kennenlernen wollte ursprünglich.» Radio DRS 2, Michael Sennhauser
«Avec «Il était une fois en Anatolie», le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan signe un polar aux antipodes de la frénésie des thrillers à l’américaine, captant en détails infimes le drame qui bout sous la nonchalance.» 20 Minutes, Fred Ferrari
«Zweieinhalb meisterliche Stunden, in denen dieser dunkle türkische Poet uns zeigt, was es heisst, Kino zu machen: Die Schwächen des Menschen erkunden und seine Sehnsüchte, sichtbar machen, was aus der Stille ihrer Seele durchsickert und das, was ihre Obsessionen von den töglichen Sorgen übersetzen, Gefühle vermitteln und die Zeit, die vergeht, fassbar machen. » Le Monde
«Ceylan ist ein echter Maler der grossen Leinwand, verstärkt noch durch die Kunst der Schauspielführung. - Selten hat man das intelligenter und mit schleichender Faszination erzählt gesehen. Am Ende spielt die Auflösung des Falls gar keine grosse Rolle, es zählt das, was er uns sagen kann über die heutige Türkei. Mit seiner Arbeit, die das Genre transzendiert, erreicht Ceylon die Grösse eines Dürrenmatt und dessen «Es geschah am hellichten Tag.» Le Temps