La teta asustada

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A la mort de sa mère, la jeune et belle Fausta se retrouve seule pour affronter les peurs qui lui ont été léguées d’un passé de guerre civile dans les Andes, théâtre d’une lutte sanguinaire de l’armée et la police péruviennes contre la guérilla du Sentier lumineux. Pour répondre au vœu de sa mère d’être enterrée dans son village, Fausta doit trouver rapidement de l’argent permettant de payer le voyage et le cercueil car son oncle ne veut pas d’un cadavre dans la maison au moment des noces de sa propre fille sur le point de se marier. Après le succès de son premier film, Madeinusa, la jeune réalisatrice péruvienne Claudia Llosa reprend les éléments fantastiques de croyances populaires
pour nous livrer une parabole émouvante par la modestie apparente d’une mise en scène, pourtant toute en finesse, qui lui valut l’Ours d’Or de la 59e Berlinale.
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Les indiens sont toujours lĂ 
Claudia Llosa a su trouver le ton juste, dans une mise en scène foisonnante de trouvail-les, qui ne cessent de nous surprendre tout au long des 100 minutes que dure son film. En refusant de sombrer dans un pathétique convenu, la réalisatrice joue, au contraire, sur les oppositions de caractères ou le regard décalé. Elle ne lâche rien pourtant sur l’âpreté des situations, sur la tragédie vécue par la jeune héroïne, sur la dureté des rapports sociaux et de la vie de ces laissés pour compte de la société péruvienne. Car ce film reflète bien ce qu’est le Pérou d’aujourd’hui, où une riche minorité continue d’accaparer, où les Indiens sont toujours méprisés et exploités, au mieux oubliés.
Et pourtant, ce deuxième film, qui est un miracle d’équilibres audacieux, va bien au-delà de la simple dénonciation sociale. Les échappées scénaristiques y prennent, à chaque fois, le spectateur à contre-pied, naviguant sur la poésie des émotions, jouant du physique de ses personnages – en particulier d’une Magaly Solier imposante dans sa façon d’exprimer, ou plutôt de réprimer, les états d’âmes de Fausta. A l’image de sa façon de chantonner, psalmodier, la chanson que lui a apprise sa mère, d’une voix rauque, rugueuse, dont la mélodie faussement monotone finit par vous prendre aux tripes.
Paradoxalement, ce drame, avant tout intérieur, nous paraît ainsi très « physique ». Un sentiment encore accentué par des dialogues presque monosyllabiques, qui prennent parfois la forme de coups de poing, pour rappeler les personnages à leur réalité. Bref, La teta asustada est une véritable œuvre de cinéma dont le souffle nous remue et nous interpelle et dont le style effronté ne peut qu’enchanter le cinéphile.
Martial Knaebel

Festivals & prix

Goldener Bär, Berlinale 2009

Oscar-Nomination 2010

Preis der Internationalen Filmkritik, Berlin 2009

Mayahuel Award am Festival des Lateinamerikanischen Films

Beste Schauspielerin, bester Film

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Fiche technique

Titre original
La teta asustada
Titre
La teta asustada
RĂ©alisation
Claudia Llosa
Pays
PĂ©rou
Année
2009
Scénario
Claudia Llosa
Montage
Frank Gutierrez
Musique
Selma Mutal
Image
Natasha Braier
Son
Edgard Lostanau
Costumes
Ana Villanueva
DĂ©cors
Susana Torres, Patricia Bueno
Production
Oberon Cinematográfica, Wanda Vision
Formats
35mm, DVD, Blu-ray
Durée
98 min.
Langue
Spanisch, Quechua/d/f
Interprètes
Magaly Solier (Fausta), Marino Ballón (Onkel Lucido), Susi Sánchez (Aida), Efraín Solís (Noe), Bárbara Lazón (Perpétua), Karla Heredia (Severina), Delci Heredia (Tante Carmela), Anita Chaquiri (Grossmutter), Fernando Caycho (Melvin), Leandro Mostorino (Jonny), Summy Lapa (Chicho), María del Pilar Guerrero (Máxima)

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Organisation

Revue de presse

«Highlight: Formal und inhaltlich stärkster Film der Berlinale, «La teta asustada» (Die Milch des Leids) der Peruanerin Claudia Llosa. Die traumatisierte Tochter eines Vergewaltigungsopfers aus der Zeit des Terrors lernt in dem bild- und metaphernstarken Film, ihr Leben zu akzeptieren. Indem sie besingt, wovon man nicht reden kann.» Martin Walder, NZZ am Sonntag

«Der diesjährige Gewinnerfilm der Berlinale ist wegweisendes Kino mit einer fremdartig-surrealen Handschrift.» Michael Sennhauser, Radio DRS

«La teta asustada zeigt die hohe Kunst des weiblichen Filmschaffens.» ARTE

«La teta asustada constitue le haut niveau du cinéma d’auteur au féminin. » ARTE

«D’une chanson à l’autre et d’une trouvaille visuelle à l’autre, Claudia Llosa imprime durablement la mémoire, si rarement ravie, au cinéma, de tant de beautés.» Le Temps

«Une œuvre à la fois politique et poétique, une méditation laconique mais pleine d’émotion sur l’histoire d’un pays qui se remet lentement de ses blessures. Un film à la fois superbe et déroutant.» Ciné-Feuilles

«Une cinéaste douée d’un sens de l’image exceptionnel, conteuse d’un pays qui revient régulièrement à la une de l’actualité par sa violence exacerbée.» Rémy Dewarrat, Le Courrier/La Liberté

«Un film sensible, de qualité, original.» Raphaele Bouchet, Radio Suisse Romande «La réalisatrice péruvienne signe encore un beau portrait féminin qui en écho, donne aussi la température sociale de son pays.» 24Heures

«Le sensationnel que recèle potentiellement ce récit s'efface sous la retenue de Claudia Llosa, sa distance d'observatrice et la soigneuse composition des cadres qui laissent la part belle au hors-champ, des gros plans qui scrutent les visages aux plans larges qui montrent les paysages villageois, les vies qui les peuplent.» L'Humanité «Une histoire étrange et des émotions puissantes, comme un lamento venu du fond des âges, porté par la beauté farouche de Magaly Solier et sa voix d'enfant perdu dans le noir.» Le Figaroscope