Sibaji
Oknyo, une jeune fille farouche, devient la mère porteuse d'un clan qui craint pour sa postérité. Toute l'attention ou la tendresse que l'on accorde à l'adolescente de 17 ans est destinée au futur enfant, et non à elle. De plus, une fois que son fils aura vu le jour, il lui sera arraché. Une femme se voit donc réduite à une partie de son corps et jugée selon son utilité; on abuse d'elle d'après un mode d'emploi tout prêt. Or, soudain, le programme part à la déroute. En effet, la vie sentimentale de la mère porteuse et du prince déjouent tous les calculs: de cette conception forcée nait une passion, peut-être même de l'amour. Le prince vient de violer un tabou: il se laisse aller, dévoile tous ses sentiments et son désir. Toutefois, la vie reste enfermée dans son enclos: elle ne peut se libérer que sous forme de rencontres furtives et physiques. Lorsque le clan, plus tard, arrache le nouveau-né des bras de sa mère, le prince ne peut s'opposer à la séparation d'Oknyo que par des larmes versées à la dérobée.
Dans ce monde où un fils est tout et une fille n'est rien, où les ancêtres sont maîtres du présent, où l'enfant est déjà éduqué dans le ventre de sa mère, l'irruption de la vie signifie, du point de vue social, un danger mortel. Aussi, la jeune fille, dépourvue de tout pouvoir social, n'est-elle pas la seule à être victime de règles inhumaines: la princesse se soumet elle aussi, muette, à un ordre social. Celui-ci la force entre autres à assister, devant la porte tendue de papier de riz à moitié transparent, à assister à l'acte sexuel de son époux. Dans Sibaji, comme dans ses autres films d'ailleurs, Kwon-taek lm a recours au passé pour parler du présent. Un procédé qui, en l'occurence, fait frémir le spectateur d'émotion: peu de films d'lm présentent la densité et la puissance émotionnelle de cette oeuvre dont la renommée internationale ne cesse de croître. Comme de coutume, c'est avec beaucoup de réserve qu'Im maîtrise tous les pièges de l'histoire afin d'en faire une allégorie tragique. Sans pathétisme, sans mélo, mais par des images précises et sensuelles d'une beauté troublante, Kwon-taek lm décrit l'antagonisme fatal entre la vie et la loi, l'individu et le pouvoir collectif: on se sert de l'être humain pour parvenir à ses fins. Et c'est au nom de ces mêmes fins, devenues une valeur en soi, que l'on dispose de l'individu. Le système et la société deviennent une prison. Ainsi, à la fin du film, Pilnea, autrefois mère porteuse elle aussi, dit à sa fille Oknyo: «Ce n'est pas notre corps, mais le respect qui nous rend humains.»
Festivals & prix
Venice Film Festival
Best Actress
Asia-Pacific Film Festival
Best Director, Best Film, Best Supporting Actress
Faro Island Film Festival
Best Actress
Korean Association of Film Critics Awards
Best Cinematography
Nantes Three Continents Festival
Best Actress, Best Costume Design, Best Production Design
Fiche technique
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Revue de presse
«Im Kwon-taek erzählt analytisch wie eh und je. Das Melodrama, das in dieser Geschichte steckt, wird ganz Struktur der Beobachtung. Die Kamera wie der Film erfassen präzise, beziehen aber nicht Stellung. Nicht weil die Stellung zum Geschehen nicht klar wäre und klar sein muss, sondern gerade, weil sie es ist.»
Ekkehard Knörer, jump-cut
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Im Kwon-taek:
«Ich wollte versuchen, Geschichte zu vergegenwärtigen, um so Situationen und Entwicklungen in der koreanischen Gegenwart besser analysieren zu können. Sibaji ist ein Film, der sich mit den konventionellen Glaubensformen der Koreaner auseinander setzt. Es geht konkret um die Bevorzugung der Söhne - eine Haltung, die mit dem Ahnenkult und seiner Tradition eng zusammenhängt.»